Aujourd’hui, Graffiti a le plaisir de vous présenter une interview portant sur le métier d’Esther H., jeune scénariste, plus particulièrement spécialisée dans l’univers de la série télévisée. En vous souhaitant une agréable et divertissante lecture…
Graffiti : Bonjour Esther, pourrais-tu te présenter en quelques mots ?
Esther H. : Bonjour, j’ai 24 ans, et j’ai fait une licence en journalisme à Concordia University à Montréal, puis un master en scénarisme aux États-Unis, à la New York Film Academy à Los Angeles, dont je suis sortie diplômée il y a un peu plus d’un an, en août 2022. Depuis novembre 2022, j’ai décidé de revenir en France pour me consacrer pleinement au travail de l'audiovisuel.
G. : Quand et comment te sont venues l’envie et la passion de devenir scénariste ?
E. H. : Alors, j’ai toujours beaucoup aimé les séries, et ça depuis mes sept, huit ans. Mais c’est surtout à partir de la sixième que je me suis découverte une passion pour ces séries, les films, le cinéma. Et avec le temps, je me suis rendue compte que s’il y avait des séries, c’était aussi grâce aux personnes qui les écrivaient. J’ai toujours beaucoup aimé écrire. C’est alors devenu un rêve pour moi. Pour autant, je ne me suis pas tout de suite lancée dans une carrière, parce que, malheureusement ça reste un milieu assez dur, où il est assez difficile de percer, de se faire des contacts… Tout cela me faisait assez peur, j’ai donc entrepris de commencer par quelque chose d’un petit peu plus “safe” : des études de journalisme. Et seulement après j’ai fait mon master en scénarisme - dont je suis très fière.
G. : As-tu des films ou séries favorites que tu pourrais citer ?
E. H. : [RIRES] Ouh la, c’est très compliqué. Une série préférée, impossible de te dire. Un film préféré… Impossible de te dire non plus. Mais parmi les séries que j’apprécie le plus, on retrouve New girl, Sense8, Sex Education, ou encore Friends dans les classiques. Concernant les films, j’apprécie un peu tous les genres, mais mon favori reste la comédie. J’aime beaucoup Nos jours heureux, Le sens de la fête, Mamma Mia, ainsi que les dessins animés de Dreamworks et Pixar.
G. : En général, combien de personnes travaillent sur un scénario ? Combien de temps cela prend-il ?
E. H. : Ça dépend. Les équipes varient en fonction de l’ampleur du projet et des studios. Il peut y avoir un producteur comme il peut y en avoir cinq en même temps sur un même projet. À titre personnel, dans une série sur laquelle je travaille, on est quatre dans la room, nom qu’on donne à une équipe chargée d’écrire un script. Parmi les quatre, il y avait notamment le showrunner, d’autres auteurs, et moi, la coordinatrice d’écriture. Je gère la relation auteurs/producteurs, et m’assure de la continuité du récit, en prenant note pendant chaque session de brainstorming de tout ce qui est évoqué. Cela permet de limiter un maximum les incohérences potentielles.
Pour parler du temps que ça prend, encore une fois ça varie au cas par cas, mais en moyenne, entre la première version d’un scénario et la dernière, il peut s'écouler des mois, voire des années. Il peut y avoir parfois plusieurs dizaines de versions avant d’arriver à la définitive.
G. Je voulais parler de la grève des scénaristes. Pourrais-tu résumer en quelques mots de quoi il s’agit ?
E. H. : En fait, aux État-Unis, il existe des syndicats pour différents intermittents du spectacle. Il se trouve qu’il y a un syndicat pour chaque partie de l’industrie, y compris toutes les équipes qui travaillent derrière la caméra, celles qui filment, qui font les sets et le maquillage sur les tournages. Il y aussi un syndicat particulier pour les acteurs, réalisateurs, scénaristes, et cætera. Chaque syndicat a des contrats permettant de réguler tout ce qui est paiement, salaires, droits et sécurités sociales. Ces contrats sont limités dans le temps. Or, le dernier contrat pour les scénaristes a expiré en avril-mai 2023. Aussi, il faut savoir que la plupart du temps, chaque fin de contrat provoque des grèves. Les sujets principaux de cette grève portent essentiellement sur les droits d’auteur et l’utilisation de l’intelligence artificielle par les studios sans accord préalable avec les scénaristes et les acteurs. Enfin, depuis le 9 octobre, un véritable accord officiel entre les syndicats et les têtes de studios a été ratifié. La grève aura duré environ cinq mois, soit de début mai à fin septembre, début octobre.
G. Enfin, ultime question : quelles ont été les conséquences de cet événement hollywoodien à l’échelle du monde entier ?
E. H. : Tout d’abord, il faut savoir que dès que la grève a été déclarée, tout ce qui était écriture à été mis en pause. Il y a aussi eu des règles imposées directement par les syndicats, c’est-à-dire que toutes les personnes participant à la grève avaient l’interdiction de promouvoir, mettre en avant ou parler des séries ou films qu’ils étaient en train d'écrire. De même, il a été interdit d’assister aux cérémonies les plus importantes comme les Golden Globes et les Oscars, qui ont d’ailleurs été décalés. Et ces règles s’appliquent surtout aux scénaristes, acteurs et influenceurs. Il faut notamment comprendre que absolument tous les acteurs font grève, et même des célébrités comme Florence Pugh, Pedro Pascal, Oscar Isaacs, Margot Robbie, ou encore Tom Cruise ! Pour les spectateurs, de nombreux films ou séries qui avaient ou non débuté leur production, ou qui étaient sur le point de sortir ont été reportés à des dates très lointaines, voire à un horizon indéterminé.
Propos recueillis par Lancelot Chavel