À l’heure où les tensions entre l’Occident et l’Empire de milieu redoublent, certains pays se demandent s’ils doivent instaurer un boycott en raison des transgressions en matière des droits de l’Homme de la Chine. Cependant, on ne parle pas ici d’un boycott complet (dans lequel les athlètes des pays concernés ne se déplaceraient pas), mais d’un boycott diplomatique. Celui-ci consiste à n’envoyer aucun représentant diplomatique du pays avec les athlètes. Les dirigeants considèrent qu’un boycott complet pénaliserait au moins autant les athlètes que la Chine et qu’il est donc injuste, bien qu’il ait été utilisé par la passé à plusieurs reprises : surtout en 1956, en 1976, en 1980 par les Etats-Unis et ses alliés et en 1984 par l’URSS et le bloc communiste.
Les États-Unis ont été les premiers à le proposer en réponse au « génocide et aux crimes contre l’humanité en cours au Xinjiang » selon eux. Le Royaume-Uni, l’Australie et le Canada leur ont emboîté le pas. En réponse à ces attaques, la Chine a promis des « contre-mesures » fermes, sans préciser lesquelles. Le premier ministre japonais a assuré qu’il n’allait pas se rendre à Pékin et réfléchissait à lui aussi engager un boycott diplomatique. Cependant, cette mesure ne fait pas l’unanimité.
D’une part, certaines personnalités trouvent que cela ne va pas assez loin. Ainsi l’ancien secrétaire d’état américain (équivalent au ministre des affaires étrangères) Mike Pompeo a regretté qu’un boycott complet n'ait pas lieu, et que le Parti Communiste Chinois se moquait d’un boycott diplomatique. Une des représentantes de l’ONG Human Rights Watch a elle appelé cette décision une « étape cruciale » mais a encouragé le gouvernement américain à aller plus loin.
D’autre part, certains dirigeants se sont opposés à ce boycott. Les dirigeants européens ont cherché à créer le consensus sur ce sujet, sans y parvenir. La Lituanie (dont les relations avec la Chine se sont fortement dégradées récemment) souhaitait ainsi rejoindre la position américaine, alors que la plupart des européens se sont rangés derrière le président Macron. Il a déclaré que cette mesure était « toute petite et symbolique ». Il a insisté sur l’importance « d’avoir une action utile », mais que si on passait par le boycott il fallait en faire un complet. Certains de ses homologues l’ont rejoint, comme le premier ministre luxembourgeois Jean Asselborn. D’autres s’y opposent par principe : les Jeux ne sont pas censés être politiques. C’est ce qu’ont déclaré les ministre des affaires étrangères allemands et autrichiens.
C’est donc une question qui clive les occidentaux et les divise, alors que les options sont nombreuses. Un problème similaire se pose dans le monde du football, alors que 6500 travailleurs étrangers y seraient morts en construisant les infrastructures nécessaires pour le tournoi. Faudrait-il procéder à un boycott ? Il est fort peu probable qu’il ait lieu puisque les fédérations qualifiées ne souhaiteront probablement pas renoncer à leur participation, puisque cela signifierait la perte d’une grande part de leurs revenus.
Paul Laurent-Levinson