L'annonce faite par Anne Hidalgo, maire de Paris, a suscité un mélange d'enthousiasme et de scepticisme : le dimanche 23 juin, à l'occasion de la journée olympique, elle plongera dans la Seine pour démontrer que le fleuve est baignable pour les Jeux Olympiques de 2024. Cette initiative vise à prouver aux Parisiens que les eaux de la Seine sont suffisamment propres pour accueillir des compétitions de natation.
Plus de trente ans après la promesse non tenue de Jacques Chirac, le défi va-t-il être relevé ?
L'engagement de plonger dans la Seine n'est pas seulement symbolique, c'est un véritable défi technique et environnemental. Pour répondre aux attentes, l'État français a investi près de 1,4 milliard d'euros dans un plan baignade. Ce plan comprend la construction de nouvelles infrastructures de dépollution, comme la station de Champigny-sur-Marne, qui nettoiera jusqu'à 700 litres par seconde d'eaux pluviales avant de les rejeter dans la Marne. La mairie de Paris et les autorités compétentes ont intensifié leurs efforts pour assainir le fleuve et d'ici le 23 juin, les eaux de la Seine devraient atteindre des niveaux de qualité suffisants pour la baignade. Des stations d'épuration ont été modernisées et équipées de systèmes de désinfection. Notamment, les unités de désinfection des stations d'épuration du SIAAP, essentielles pour purifier les eaux, sont opérationnelles depuis l'été 2023. Un autre projet clé est le bassin de stockage des eaux pluviales d'Austerlitz, mis en service en mai dernier. Ce bassin, d'une capacité de 50 000 m³ (équivalent à vingt piscines olympiques), permettra de mieux gérer les eaux de ruissellement et d'éviter les déversements d'eaux usées dans la Seine lors de fortes pluies.
Ainsi, en été 2023, la Ville de Paris explique, dans un communiqué qui se veut rassurant, que la baignade dans la Seine était possible en moyenne 7 jours sur 10, selon les sites analysés. Ces chiffres respectent les seuils de qualité de l'eau définis par la directive européenne sur les eaux de baignade. Cependant, hors de la période estivale, la Seine n'est pas propice à la baignade en raison des débits plus élevés et des intempéries fréquentes. Néanmoins, cet avis ne semble pas partagé par l’ONG Surfrider Foundation Europe, qui a même publié une lettre ouverte à ce sujet. Elle réalise tous les quinze jours ses propres analyses de la qualité de l’eau et a retrouvé des traces importantes de deux bactéries (E. coli et Entérocoques) jusqu’en mai 2024.
Malgré les assurances des autorités, les Parisiens restent sceptiques. "Je pense que sa couleur est un peu hasardeuse et les effluves qui s’en dégagent ne donnent pas forcément envie de piquer une tête", déclare Pierre-Louis à BFM Paris Île-de-France. Ce sentiment est partagé par beaucoup, qui se souviennent des années de pollution et des restrictions sur la baignade (interdite par arrêté préfectoral en 1923).
Dès l'été 2025, Paris prévoit d'ouvrir plusieurs sites de baignade au public. Parmi eux, le Bras Marie (Parc des Rives de Seine), le Bras de Grenelle (15e) et le site de Bercy (12e). Ces espaces seront équipés de bouées de délimitation, de pontons, de douches et de vestiaires pour garantir la sécurité et le confort des baigneurs. Même si les scepticismes persistent, les avancées techniques et les engagements politiques pourraient transformer ce rêve en réalité, offrant ainsi aux Parisiens et aux visiteurs une expérience unique au cœur de la capitale.
Jeanne Fatome