Bienvenue sur 小红书 (XiaoHong Shu, appelé RedNote en Occident) ! Naviguez entre vidéos de mode alternative, tutoriels de maquillage et contenus sur la nourriture. Malgré son interface entièrement en chinois, ce réseau social gagne en popularité en Occident, attirant de plus en plus d’utilisateurs non chinois. Au 18 janvier 2025, c’est l’application la plus téléchargée sur l’Apple App Store et le Google Play Store.
Créé en 2013, il s’agit d’un des réseaux sociaux les plus populaires en Chine, la comparaison la plus facile étant avec Instagram en Occident. Son nom, traduit littéralement par “Petit Livre Rouge”, a été conçu pour les Chinois et est utilisé par les Chinois du monde entier. Pour les diasporas chinoises, c’est une opportunité de maintenir un lien avec leur pays d'origine et d'interagir entre elles. La Chine ayant ses propres réseaux internet internes, il est difficile pour des personnes ne parlant pas mandarin de s’y intégrer, la totalité de ces réseaux étant en langue chinoise. Cependant, de plus en plus d'Américains arrivent sur l’application.
Mais pourquoi ce pic de popularité soudain ? Vous avez sans doute entendu parler de l’interdiction prochaine du réseau social TikTok aux États-Unis. À deux jours de son bannissement, les informations sur ce sujet sont encore très chaotiques et contradictoires. Toutes les heures, de nouveaux rebondissements et des informations inédites apparaissent. Dans tout ce tumulte, de nombreux Américains recherchent une nouvelle plateforme où partager et interagir en communauté. Ces personnes ne croient pas à l’argument de Washington sur la protection de leurs données et pensent que ce n’est qu’un prétexte pour empêcher la diffusion de médias chinois. C’est ainsi qu’ils ont trouvé RedNote, un réseau social 100 % chinois et contrôlé par le Parti communiste chinois (PCC). Ironiquement, ils ont décidé d’offrir directement leurs données à la Chine, comme un pied de nez au gouvernement américain.
Les Chinois sont très accueillants envers les Américains, les surnommant les “TikTok refugees”, c'est-à-dire les “réfugiés de TikTok”. Ils les aident à comprendre les codes de la plateforme et à apprendre les mots de base en mandarin. Les deux populations se comprennent mutuellement, même avec la barrière de la langue, et s'entendent bien. Pour une fois, les Américains n’imposent pas leurs manières de faire et s'adaptent aux autres. Pour l’instant, la coexistence est amicale et joyeuse. Les Chinois sont heureux d’avoir un contact avec des étrangers, et les Américains découvrent que la population chinoise n’est pas aussi diabolique que ce que leur gouvernement veut leur faire croire.
Malgré tout, la plateforme chinoise n’est pas un espace de libre discussion. Elle est contrôlée par le PCC et donc fortement censurée. Il est impossible de discuter de politique, d'émettre des opinions qui ne vont pas dans le sens de l'idéologie du PCC ou de parler de la majorité des différentes minorités. Pour l’instant, les utilisateurs américains sont encore dans la phase de lune de miel, ne voyant que les côtés positifs. Mais ils finiront par se rendre compte des restrictions de l’application et de la mainmise du gouvernement. Ils ne resteront pas longtemps sur ce réseau social, particulièrement la jeunesse politisée.
De plus, Washington n’avait pas anticipé l'émergence de RedNote. Leur réaction face à l'arrivée d’une telle plateforme est imprévisible, et il est même possible qu'elle connaisse le même sort que TikTok. Après tout, le nom XiaoHong Shu ressemble singulièrement à l'appellation du Petit Livre Rouge, recueil écrit par Mao Zedong rassemblant les piliers de l'idéologie communiste chinoise…
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