Le 23 janvier 2023, le cabinet d’audit financier et de conseil Deloitte a rendu public le Deloitte Football Money League 2024, l’édition 2024 de son rapport annuel sur les revenus des plus gros clubs de football. Dans ce numéro, Graffiti analyse les résultats.
Au cours de la dernière saison (2022-23), le Real Madrid s’est imposé comme le club ayant eu le plus gros chiffre d’affaires au monde (831 M€), pour la première fois depuis la saison 2017-18, devant Manchester City (826 M€) et le Paris Saint-Germain (802 M€) qui intègre le podium pour la première fois de son histoire. Seuls deux autres clubs français intègrent les trente premières places : l’Olympique de Marseille (258 M€) à la vingtième place, et l’Olympique Lyonnais (199 M€) à la vingt-neuvième place.
D’où viennent ces revenus ? Dans son rapport, l’agence Deloitte divise le chiffre d’affaires (c’est-à-dire tous les revenus sans compter les dépenses) de chaque club en trois catégories : commercial, droits de diffusion et revenus « matchday » (les ventes de billets et les revenus associés). Ils excluent ainsi les transactions du mercato (achats et ventes de joueurs). En tout, les vingt premiers clubs cumulent 10,5 milliards de chiffre d’affaires sur la saison écoulée, avec une hausse moyenne de 14 %. En moyenne, les sources principales de revenu sont le commercial (42 %), qui inclut notamment les ventes de maillots, ainsi que les accords de sponsoring (par exemple la marque sur les maillots) et les droits de diffusion (40 %), alors que les revenus liés à la vente de billet sont plus bas (18 %). Toutefois, ces chiffres sont très variables : pour certains clubs comme l’Inter Milan, Arsenal ou l’OM, les revenus stadiers représentent environ un quart du chiffre d’affaires, alors que pour Manchester ils ne représentent que 10 % du chiffre d’affaires.
Derrière ces chiffres très élevés (et en hausse) se cachent néanmoins de très grandes inégalités : les quatre clubs qui ont gagné le plus d’argent ont gagné plus de 3 fois plus que le 20e club (l’OM). Ces écarts se creusent encore plus lorsqu’on compare ces grands clubs aux autres clubs de leurs championnats respectifs : le salaire de Kylian Mbappé (70 M€) était trois fois plus élevé que la masse salariale entière de Clermont. Ces inégalités ne font qu’alimenter la crainte de voir la création d’une « Super Ligue » fermée (pour remplacer la Ligue des Champions) qui verrait les plus grands clubs européens s’affronter entre eux et ne ferait qu’augmenter le fossé avec les clubs exclus de cette initiative (l’idée, d’abord proposée en 2021, puis rapidement abandonnée, a été relancée en 2022, notamment par le président du Real Florentino Pérez).
Par ailleurs, de grandes inégalités entre les différents grands championnats existent également. Ainsi, Leeds United, bien que relégués lors de la saison dernière, intègrent le top 30 (208 M€) devant des clubs comme l’OL ou l’Ajax Amsterdam. Le retard des clubs français risque de s'agrandir dans les années à venir. En effet, les chiffres d’affaires des clubs français ont été gonflés par le contrat signé cette année par la LFP pour vendre une partie des revenus de diffusion des années à venir, en échange d’un paiement immédiat.