Cette année, un concours de photographie sur le thème de l'anthropocène a été organisé par Mme Lacombe et sa classe de 3e6. Les résultats du concours ont été dévoilés vendredi dernier... Vous pouvez retrouver les photographies gagnantes en cliquant sur ce lien :
Nous avons eu la chance de rencontrer Mme Lacombe professeure d'histoire et organisatrice du concours, et qui en dévoile les coulisses ; voici une retranscription de ses propos. Vous pouvez également retrouver cet entretien sous forme vidéo en bas de page !
Graffiti : Pouvez vous présenter en quelques mots, puis nous présenter le concours de photographie, son principe, qui l’organise…
Florence Lacombe : Je suis Florence Lacombe, professeure d’histoire-géographie et d’histoire de l’art puisqu’à l'origine c’est ma spécialité. Cette année, je me suis impliquée dans le concours de photographie dédié à l'anthropocène, avec d'autres professeurs comme Valentyna Kryuchkova, Mélanie Munier ou Stéphane Bonot et Bénédicte Boscher. L’objectif du concours était de faire comprendre cette notion d'anthropocène — de nouvelle ère géologique — aux élèves. Nous avons donc préparé plusieurs thèmes en lien avec l'anthropocène (comme la nature morte ou le portrait de l’humain en nature), afin de leur permettre de réfléchir à leur position face à la planète.
G : Pourquoi l’anthropocène ?
F. L. : L’idée est venue avec la crise sanitaire : comment l’humain réagit-il face à la Terre, face à la nature. Comme je le disais un peu plus tôt, l’anthropocène, c’est cette nouvelle ère géologique dans laquelle on rentre, et qui montre l'image de l’être humain sur la planète.
Comment l'humain réagit-il face à la nature ?
G : Et pourquoi des élèves de 3e ?
F. L. : Ce sont effectivement des élèves de 3e, les élèves de 3e6, qui se sont impliqués dans ce projet. L’anthropocène rejoint donc leur programme d’EMC (Éducation Morale et Civique), avec le thème “s’engager”. Et dans ce cas là, s’engager dans le développement durable, dans le questionnement du positionnement de l’être humain face à la planète. J’ai travaillé avec cette classe car j’en suis la professeure principale et que j’implique toujours les classes dont je suis professeure principale dans un projet.
G : Est-ce que pour vous, cette première édition du concours est une réussite ?
F. L. : Oui ! Nous étions très contents du nombre de participations, un peu plus de cent-soixante. En revanche, on s’est rendu compte que l’anthropocène est une notion un peu difficile à faire comprendre aux plus jeunes ; je pense que c’était un projet vraiment intéressant à partir des classes de 4e/3e. D’ailleurs, nous avons pu le remarquer rapidement : le projet était ouvert au Petit Collège, mais nous n’avons eu aucune participation. Pour l’année prochaine, il faudrait préparer une sorte d’accompagnement pédagogique, qu’on puisse intervenir dans les classes. Ça a été le cas pour les 3e6, qui ont eu une intervention en S.V.T. et en français ; ils avaient donc une certaine ouverture sur la question. Ça c’est d’ailleurs vu dans les résultats, puisque plusieurs élèves de la classe se sont retrouvés dans les finalistes.
G : Aujourd'hui, avec Internet, faire du plagiat est de plus en plus facile et tentant, vous y avez prêté attention ?
F. L. : Oui, bien sûr ! J’ai googlisé toutes les images, et j’ai ainsi remarqué que plusieurs participants avaient en effet pris des images d’Internet — ils ont été éliminés.
G : Et est-ce qu’au contraire vous allez prendre des mesures pour protéger les images des participants ?
F. L. : Oui, il faudra qu’on réfléchisse à ça ; le copyright c’est quelque chose de très important. Dès cette année, je vais créer des dossiers d’archivage avec les photos des participants, d’une part pour garder une trace et d’autre part pour pourvoir, dans quelques années, comparer l’évolution des productions.
G : Sur quels critères vous êtes-vous basés pour départager les finalistes ?
F. L. : Ce qui comptait surtout, c’était le visuel : la photographie devait interpeller le regard du jury. Bien sûr, la sélection s’est faite de manière totalement anonyme, j’ai juste donné les titres quand il y en avait. Donc le premier critère était la mise en évidence du rapport à l’anthropocène. Ensuite, il fallait réussir à créer une atmosphère, avec les jeux de lumière par exemple. Et bien sûr, il y avait d'autres critères qui dépendaient des différents thèmes. On a ensuite fait deux sélections, on en a d’abord sélectionné une cinquantaine, puis une vingtaine. Plus tard, en reparlant avec les membres du jury, nous nous sommes dit que nous aurions dû faire une troisième sélection, non pas pour réduire le nombre de lauréats, mais pour s’entendre sur qui pouvait être le premier, le deuxième, et pouvoir mettre en place un réel podium.
G : Et donc le concours, il a vocation à réapparaître l’année prochaine ?
F. L. : Oui, absolument. Nous voudrions même qu’il devienne un concours national ! Nous allons déjà, avec quelques collègues, l’ouvrir à d'autres établissements, et nous avons déjà réfléchi à de nouveaux thèmes pour l’année prochaine.
G : Comment avez vous obtenu les fonds nécessaires à l’organisation de ce concours ?
F. L. : Principalement grâce à l’APEA (Association des Parents de l’École Alsacienne), qui est très dynamique ; on va se rencontrer bientôt pour parler de l’édition de l’année prochaine. Ce que j’aimerais également mettre en place, c’est l’intervention d’un photographe professionnel qui accompagnerait les élèves dans leur démarche, qui leur proposerait une petite formation sur le cadrage, la lumière… Jusque-là c’est moi qui, en grande partie, ai initié les élèves : c’était donc une formation plutôt basique.
G : Et si vous travailliez avec d'autres établissements, cela permettrait de récolter encore plus de ressources ?
F. L. : Exactement. L’étape suivante consisterait à créer une association pour pouvoir faire ce concours et aller chercher des sponsors, des gens qui nous financent, comme des compagnies, des marques d’appareils photos ou des choses comme ça. C’est le cas d’un concours de cartographie auquel participent mes élèves de 4e : à l’origine, l’idée était de deux géographes, dans un petit collège, qui ont lancé ça en 2014, et aujourd’hui c’est devenu un concours très couru.
Propos recueillis par Harris Albouchi et Alexandre Barbaron