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Photo du rédacteurArthur Cornelis

Qui est Maurice Genevoix ?

Maurice Genevoix est entré au Panthéon le 11 Septembre 2020. Né le 29 novembre 1890, à Decize (département du Cher) et mort le 8 septembre 1980 à Xàbia (Province d’Alicante en Espagne), il fut un écrivain français, académicien, président de la Société des Amis du Muséum national d'histoire naturelle et du Jardin des plantes. Il connut la Grande Guerre (1914-1918) et publia de nombreux ouvrages dans lesquels il décrit de façon très réelle son expérience en tant que soldat. Maurice Genevoix fut gagnant du prix Goncourt en 1925 grâce à son roman Raboliot dans lequel il décrit la vie libre d’un braconnier en Sologne. La Première Guerre mondiale fut pour lui une expérience terrible, sur le plan physique et moral et ses œuvres témoignent de ce traumatisme.


La Grande Guerre :

Sorti depuis peu de l’École Normale-Supérieur (ENS), il ne restait à Maurice Genevoix qu’une année d’études avant de pouvoir se présenter pour l’agrégation lorsqu’il fut mobilisé à 24 ans dans le 106e Régiment d’Infanterie. Il reçut le grade de sous-lieutenant.


Après une courte formation à Châlons, du 3 au 25 août 1914, il partit pour Gercourt, sur le front. Le 27 août 1914, le 106e R.I. se tint sur les bords de la Meuse, avec pour intention de bloquer l’avancée des troupes allemandes. Opération qui malheureusement échoua car le 106e Régiment d’infanterie fit partie de la retraite générale et précipitée de l’armée française qui aboutit à la bataille de la Marne. Le régiment participa à ce conflit, qui fut une source de souvenirs douloureux pour Maurice Genevoix. Devant la fuite des troupes adverses, le 106e R.I. prit en chasse l’armée allemande jusqu’à Verdun, où il s’engagea dans la bataille qui en porte le nom. Ses œuvres témoignent de la terreur que lui provoqua ce conflit. Malgré sa fulgurante montée en grade, Maurice Genevoix resta proche de ses camarades, parfois simples soldats, du fait de leur jeune âge à tous. Leurs portraits, moraux et physiques, leur quotidien, leurs histoires, leurs vécus au cours de la guerre, deviendront un sujet aisément identifiable dans certaines de ses œuvres. En 1915, Maurice Genevoix fut grièvement blessé dans la tranchée de Calonne. Atteint à la poitrine et au bras gauche, il reste entre vie et mort durant plusieurs jours, placé sous soins qui nécessitèrent son transfert dans divers hôpitaux militaires. Enfin, le danger écarté, Maurice Genevoix fut démobilisé du fait de son infirmité au bras gauche, suite à ses blessures. Ainsi commença un nouveau combat que Maurice Genevoix, lieutenant-commandant de la 5e compagnie du 106e R.I., a mené avec acharnement jusqu’à sa mort.

Œuvres :

Réformé et ayant perdu l’usage de la main gauche, Maurice Genevoix n’oublia pas ses compagnons d’infortune, qu’il ne reverra jamais pour la plupart. Pris d’un désir de partager son expérience en tant que soldat et de se libérer d’un lourd poids, Genevoix, aidé de maigres notes et de quelques lettres, écrivit.

« Ceux de 14 », roman historique en cinq tomes, rassemble avec la plus grande exactitude tout son quotidien pendant la guerre. Sa description de cette dernière est d’autant plus frappante et vivante qu’elle est entièrement véridique. Le premier tome, Sous Verdun, parut en avril 1916, le deuxième, Nuits de guerre, en décembre 1916. Ces deux livres ont subi la censure, car, compte tenu du contexte historique, -la guerre n’était pas encore achevée-, le gouvernement se montrait réticent à publier des ouvrages pouvant nuire au moral des troupes et de la population. Plus de 269 pages ont été supprimées de la sorte dans la première édition. Le troisième tome, Au seuil des guitounes, publié en septembre 1918, le quatrième, La Boue, en février 1921, et le cinquième, Les Éparges, en septembre 1921, décrivent son quotidien dans les camps militaires, alternant périodes de combats sanglants et de repos, les longues attentes dans la boue, les expériences dans les tranchées, la terrible vie des soldats français. Ces cinq tomes furent rassemblés en un seul en 1949 sous le titre « Ceux de 14 ».

Le style de Maurice Genevoix diffère de ses contemporains par sa neutralité politique. Ce genre, peu répandu à l’époque, n’accuse ni les troupes adverses, ni les gouvernements capitalistes, du malheur des familles ou des soldats. Il se base sur la description du vécu des victimes de la guerre. Ce dernier a aussi publié des récits -le plus souvent véridiques- sur le thème de la nature et des berges de la Loire.

Panthéonisation :

Maurice Genevoix est entré le 11 novembre 2020 au Panthéon en tant qu'homme de lettres et « porte-parole des poilus ». Pourquoi lui, et nul autre ? Henri Barbusse, contemporain de Genevoix, serait même plus qualifié, selon certains historiens. Le style, politiquement neutre ainsi que le ton juste parce que vécu de Maurice Genevoix, sa distinction de représentant des soldats français et son long combat contre la censure seraient la cause de cet honneur, attribué à des personnalités françaises illustres. Après une vie de lutte contre l’oubli des victimes de la guerre, Maurice Genevoix trouve enfin sa place parmi les grandes femmes et les grands hommes de France. Par cette cérémonie, on rend hommage à tous les soldats de la Grande Guerre, qui se sont battus pour défendre leur pays.

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Sources :

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