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Photo du rédacteurVenise Balazuc- -Schweitzer

Les lieux de l'École

L’Histoire est un élément majeur dans la culture de notre École. Les lieux que nous fréquentons chaque jour en sont chargés. Graffiti vous propose ainsi aujourd’hui de redécouvrir certains d’entre eux, et d’en profiter pour jeter un coup d’œil aux personnes qui leur ont donné leur nom !


1 - La cantine

Première escale, ce lieu si connu et tant apprécié des élèves : la cantine. Si l’on jette un coup d'œil au-dessus des escaliers y mènent, du côté de l’entrée du Petit Collège, on remarque une plaque : Espace Germaine Tailleferre (1892-1983).


Cette femme qui a donné son nom au réfectoire était une musicienne renommée. Ayant découvert la musique dès son plus jeune âge, elle se heurte d’abord au refus de son père. Après avoir gagné plusieurs premiers prix, de solfège en 1906, d’harmonie en 1913, de contrepoint en 1914, ou encore d’accompagnement en 1915, elle peut enfin s’y consacrer librement. Afin de payer ses études, elle donne des cours et, durant cette période, commence à fréquenter le milieu artistique de l’époque. Elle rencontre ainsi les compositeurs Erik Satie et Maurice Ravel, mais également des poètes tels qu’Apollinaire, Cendrars ou Éluard. Bientôt se forme “le Groupe des Six”, qui rassemble la compositrice et les cinq compositeurs Georges Auric, Louis Durey, Arthur Honegger, Darius Milhaud et Francis Poulenc. De nombreuses pièces musicales naissent de cette collaboration, ce qui n’empêche pas chacun des compositeurs de conserver sa propre esthétique.



Entrée de la cantine avec la plaque annonçant l'espace Germaine-Tailleferre
Entrée de la cantine

2 - L'allée du 109


Si l’on continue de quelques pas dans l’allée du 109, on remarque une plaque de terre cuite réalisée par l’atelier de poterie suspendue au mur. Elle commémore Max Piquepaille (1959-2016), qui fut adjoint à l’École pendant neuf ans. Son parcours est atypique. En effet, ainsi qu’il le confia dans les Cahiers de l’École alsacienne (n°71, 2009-2010), son activité professionnelle débuta dans la restauration, il fut ensuite directeur de la restauration au Club Méditerranée, puis accompagnateur d’excursion, et chef de village intérim. Souhaitant revenir à Paris, il devient animateur social auprès des personnes âgées. Toutefois, trouvant ce métier « éprouvant », il envisagea de changer et postula en 2007 à l’École, afin de surveiller cours, couloirs et bâtiments. Il a tout de suite adhéré à l’esprit de l’École, comme le dit Pierre de Panafieu : « Max nous a semblé être l’homme de la situation. »


Je leur souhaite, comme moi, d'aimer la vie - Max Piquepaille

Son décès, le 14 janvier 2016, fut une tristesse pour toutes et tous tant il était apprécié et avait su se rendre indispensable. Celui que nous appelions parfois notre « ingénieur du bien-être » et qui confiait : « je voudrais être là pour vous guider sur le plan scolaire comme sur le plan moral », laisse derrière lui un souvenir durable. Aux élèves il déclarait : « Je leur souhaite, comme moi, d’aimer la vie. » Quel plus bel héritage ?



Plaque commémorative en hommage à Max Piquepaille - Photo d'Alexandre Barbaron
Plaque en hommage à Max Piquepaille

3 - Le secrétariat de l'ouverture internationale

Dans le bâtiment 3, une salle légèrement en retrait, qui sert maintenant au secrétariat de l’ouverture internationale et aux réunions entre parents et professeurs, rend hommage à une autre personnalité : Gabriel Monod (1844-1912). Cet intellectuel français protestant est une figure exceptionnelle. Il réalise une carrière scientifique remarquable : ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé d’histoire, il devient maître de conférences puis Professeur au Collège de France et membre de l’Académie des Sciences morales et politiques. Son parcours témoigne de son attachement aux questions de son temps et aux libertés. En 1873, il épouse Olga Herzen, une personnalité féminine importante de l’époque. Il fonde en 1876 la Revue Historique, qui lui permet notamment d’apporter une nouvelle manière de penser qui reflète son ouverture intellectuelle exceptionnelle. Reprenant certains concepts allemands, il est accusé d’être vendu à l’Allemagne par des membres de la droite catholique, qui l’attaquent pour ses engagements et ses travaux. Lors de l’affaire Dreyfus enfin, il est l’un des premiers à prendre sa défense.


Si l'École lui rend hommage, c’est qu’il y a joué un rôle essentiel. Il est, en effet, l’un des quatre principaux fondateurs de l’École alsacienne, avec MM. Charles Friedel, Philippe de Clermont et Gabriel Moireau. Il y fut lui-même enseignant d’Histoire, pour les classes de 8e et 7e, à la création de l'École, entre 1874 et 1878.



Porte de la salle Gabriel Monod
Salle Gabriel Monod

4 - La cour Babar

Si l’on se rend du côté du Petit-Collège, la cour Babar s’ouvre à nous. Elle est bien connue de la plupart des élèves ayant été à l’École en primaire, qui y ont passé leurs récréations. Elle a été réaménagée ces dernières années avec de nouveaux jeux et toboggans. C’est surtout son nom qui intrigue : Babar, comme le petit éléphant de la célèbre série de livres pour enfants, en hommage à son auteur, Jean de Brunhoff (1899-1937), qui fit ses études à l’École. Se destinant d’abord à la peinture, il commence par exposer dans des galeries parisiennes. Toutefois, lorsque sa femme Cécile invente comme histoire du soir celle d’un petit éléphant roi, et qu’il voit ses enfants passionnés, il décide de reprendre l’idée et d’écrire une série pour la jeunesse. Après sa mort à la suite d'une tuberculose foudroyante, deux inédits sont publiés. L’aventure de Babar continue grâce à l’un de ses trois enfants, Laurent, qui écrit de nouveaux albums.



Cour Babar en octobre 2023, photo d'Alexandre Barbaron
Cour Babar - Automne 2023

5 - L'allée du 109 bis

Récemment, un nouveau lieu de l’École a été baptisé : la petite allée longeant la cour des 6e où une plaque affiche maintenant « Rue Caroline et William Herschel ». Elle fait référence à l’initiative d’une classe de l’École qui a permis de renommer - et par ordre alphabétique ! - la rue perpendiculaire au boulevard Saint-Michel du nom des deux astronomes qui découvrirent Uranus et ses satellites. Longtemps, la rue Herschel n’a mentionné que les dates de William, négligeant sa sœur qui est pourtant la seconde moitié du binôme scientifique. Afin d’en savoir plus, n’hésitez pas à consulter notre récent article sur le sujet !



 

Ainsi, une très grande diversité de personnalités ont marqué l’histoire de l’École, qui continue de nos jours. Artistes, savants, pédagogues, l’inscription de leur nom dans les bâtiments de l’École reflète l’attachement continu de celle-ci aux libertés et aux savoirs.

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