Cette année, pour la seconde fois, l’École a participé aux Journées européennes du patrimoine, les samedi 17 et dimanche 18 septembre. En 2016, la collection de dessins d’enfants de 1916 détenue par l'École avait été présentée. Le thème principal, cette fois-ci, était la photo de classe.
Une exposition au gymnase Charcot - gymnase classé aux monuments historiques - était organisée : La photographie de classe : brève histoire d’un média scolaire. Raymond Depardon, célèbre photographe et reporter, donna de plus une conférence sur le sujet. Des visites guidées, prises en charge par des élèves, permirent aux curieux d’en découvrir davantage sur ce lieu chargé d’histoire qu’est l’École alsacienne. Trois parcours étaient proposés : le premier consacré à l’architecture et à l’histoire du lieu, le second aux œuvres d’art et au concours de photographies sur l’anthropocène et enfin, le dernier, sur l’exposition de photographies scolaires. Au CDI eut lieu un jeu de piste nommé « Les Femmes sortent de l’ombre ». Les élèves de Mme Lacombe et de Mme Egron avaient écrit des fiches biographiques sur des femmes importantes dans le monde au travers des siècles, mais que l’histoire a laissées dans l’ombre.
Graffiti a eu la grande chance de recueillir des témoignages de première main sur cette manifestation. Paul Maillard, élève de 3e, a été guide pour le premier parcours.
Graffiti : Pourquoi as-tu voulu participer à ces Journées du patrimoine à l'École ? Qu’est-ce que cela change, selon toi, que des élèves se chargent de la visite ?
Paul M. : Je ne sais pas trop. Sur le moment, je me suis porté volontaire, sans réfléchir. J’aime passer à l’oral devant plusieurs personnes, donc je n’ai absolument pas été pris par le stress lors des visites, sauf les premières évidemment. On a peur d’oublier son texte et on espère être à la hauteur... J’aimais aussi l’idée que les visiteurs repartent avec de nouvelles connaissances. Je pense que c’est la principale raison pour laquelle j’ai voulu faire visiter l’École. Mais je souhaitais aussi connaître l’histoire du lieu où nous passons beaucoup de temps, j’estime que c’est essentiel. La différence majeure entre une visite réalisée par un professeur et une par un élève est le langage employé. Les élèves parleront de manière détendue tandis que les professeurs seront plus sérieux. Dans tous les cas, certains visiteurs vont préférer les visites des professeurs, et certains vont préférer celles des élèves.
G : Qu’est-ce que cela t’a appris ? Cela t’a-t-il permis d’envisager l’École sous un angle nouveau ?
P. M. : J’ai tout d’abord appris de nombreuses informations sur l’École, évidemment ! Forcément, toutes ces informations accumulées font que je comprends beaucoup mieux les lieux de l’école, leur structure ou leur histoire. Je me sens donc plus proche de l’École depuis ces visites, et suis encore plus fier d’y être élève qu’avant. Je pense aussi avoir appris à être meilleur à l’oral et avoir une meilleure éloquence.
G : L’École s’inscrit fortement dans l’Histoire, penses-tu que cela influence notre manière d’y évoluer ? Et si oui, en quoi ?
P. M. : Cette question est difficile... En effet, je pense que notre manière d’évoluer est influencée par l’histoire de l’École. Les valeurs qui nous sont apprises à l'École ont forcément changé, évolué depuis sa création. Celles que l’on nous apprend aujourd’hui resteront à jamais importantes pour nous car nous grandissons tous avec. Le fait que notre École soit très ancienne et qu’elle soit importante historiquement fait que notre fierté d’y être est encore plus grande. Et espérons qu’elle continuera d’évoluer comme elle le fait depuis sa fondation.
G : Pourquoi penses-tu qu’il est important de présenter l’École aux Journées du patrimoine ?
P. M. : Comme tu le dis, l'École est très importante historiquement (par exemple, elle a été la première école à inclure la mixité dans les classes, elle a eu le premier gymnase avec un toit en baie vitrée). Il est donc très important de la présenter lors des Journées du patrimoine. J’ai été très étonné par le nombre de visiteurs qui sont venus. Cela veut bien dire qu’elle intéresse beaucoup de monde. Voilà pourquoi il faut présenter l'École aux Journées du patrimoine. Et puis, même pour les guides, cela nous permet de mieux découvrir l’école. J’ai eu un vrai plaisir à répondre à de multiples questions et j’invite d’autres élèves à participer à la prochaine édition !
Florence Lacombe, professeure d’histoire et de géographie, est référente culturelle à l'École. Voici ce qu’elle a répondu lors de son interview, dans laquelle elle affirme son désir partagé avec M. de Panafieu et M. Bonfils, photographe de l’École, de valoriser les collections.
Graffiti : Comment définissez-vous la notion de patrimoine ?
Florence Lacombe : C’est une notion intéressante car il y a plusieurs définitions. À l’origine, c’est l’idée de conserver des biens culturels pour les générations futures. On peut y inclure d’autres valeurs, dont notamment le matrimoine, terme récent qui met en lumière le travail des femmes. Le patrimoine est une construction sociale qui reflète ce qu’une société juge digne, à un moment donné, de conserver et de transmettre. Ce terme va avec l’idée de patrimonialisation, le processus pour conserver. L’UNESCO, l’institution mondiale qui s’occupe du patrimoine, parle même maintenant de patrimoine immatériel (traditions, danses...).
G : Pourquoi pensez-vous qu’il est important que l’École participe aux Journées du patrimoine ?
F. L. : Nous avons un certain nombre de collections à l'École et il faut les ouvrir au public. Je me suis rendu compte que les photos de classes permettaient à beaucoup de visiteurs de se ressouvenir. Parmi eux, on comptait de nombreux anciens élèves ou professeurs. Les élèves ont adoré s’impliquer dans cette activité, ce qui est très motivant : l’enthousiasme de leur part souligne l’importance des activités hors classe, qui restent profondément ancrées dans leur mémoire.
G : Pourquoi les photos scolaires sont-elles des archives intéressantes ?
F. L. : Tout d’abord, elles témoignent de la place que l’on donne aux enfants, par la tenue des corps. Elles nous parlent également des activités pédagogiques, à travers le lieu de la photo, la mise en scène et les objets. Lors de la conférence avec Raymond Depardon, c’était assez extraordinaire de voir comment il parlait des photos de classe. Ce sont des archives très fortes : rares sont les écoles qui ont gardé toute leur collection depuis leur fondation. La première date de 1875 !
Texte de Venise Balazuc- -Schweitzer