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Lorenza Philippe- -Harfouche

Les jeux du peuple ?

Les Jeux Olympiques sont souvent considérés comme un événement prônant la paix, une sorte d'échappatoire du quotidien permettant de rassembler les nations et de mettre de côté leurs désaccords pour accéder à un idéal commun. Enfin, c’était peut-être le cas à leurs débuts.  

Aujourd’hui, selon une étude YouGov Surveys, environ 43 % des adultes français ressentent des sentiments négatifs envers les Jeux. Quelles sont les causes potentielles de cet état de méfiance généralisée ? Pourquoi les JO ne sont-ils, aux yeux de la population, véritablement plus ce qu’ils étaient ? Comment un bilan humain aussi peu flatteur a-t-il pu émerger ?


En amont du grand départ, de nombreuses décisions soudaines et parfois largement controversées ont été prises par l’État et la ville de Paris. Certaines ont particulièrement alerté les Français.  

Le 11 avril dernier, plus de 3 000 étudiants ont été contraints de quitter leurs logements du CROUS (le Centre Régional des Œuvres Universitaires et Scolaires, un organisme public français qui gère les services de logement, de restauration, et d'aides financières pour les étudiants). En effet, ces appartements ont été réquisitionnés pour accueillir des fonctionnaires tels que des pompiers, infirmiers, forces de l’ordre et autres professionnels mobilisés pour l’organisation des Jeux. De plus, les étudiants concernés ont confié aux différents médias avoir été prévenus à la dernière minute, ce qui a chamboulé une grande partie de leur emploi du temps, les obligeant à déménager en urgence pour l’été. Nombre d’entre eux étaient déjà dans une situation de précarité et se sont retrouvés livrés à eux-mêmes, suscitant rancœur et frustration chez les jeunes et leurs familles envers cet événement pourtant si largement salué.


Un « nettoyage social » au sein de la capitale ? Cette expression désigne des mesures discrètes, mais fermes, visant à éloigner les sans-abri du centre de la ville pour projeter une image propre et ordonnée aux yeux du monde.  

Plusieurs associations et collectifs, comme Le Revers de la Médaille, dénoncent ces initiatives, telles que la fermeture des squares, l’installation de grosses roches sous les ponts, la sécurisation accrue des zones touristiques, ou encore l’ajout de nouvelles lumières nocturnes. Ces mesures sont perçues comme des tentatives pour rendre les sans-abri invisibles durant cet événement mondial. Certaines vont jusqu’à parler de « déshumanisation ». Cette politique est controversée car elle traite les symptômes de la pauvreté sans s'attaquer à ses causes. Pour l’occasion, de nombreux logements temporaires de 30 jours ont été proposés, sans critères de sélection — une première depuis plus d’un an. Plutôt que de proposer des solutions durables, ces actions temporaires donnent l’impression que les plus vulnérables de la société sont perçus comme un problème à éliminer plutôt qu’à aider.


Les conséquences sociales n’effacent pas les catastrophes économiques liées aux Jeux.  

La Seine, véritable symbole de la capitale, était au cœur du grand projet de cette édition parisienne de l’événement. Présentée comme le lieu dédié à la nage en eau libre, le budget pour son nettoyage impératif a atteint 1,4 milliard d’euros. Malgré l’enthousiasme de la ministre Amélie Oudéa-Castéra et les vidéos sur TikTok où la maire de Paris, Anne Hidalgo, apparaît nageant dans le fleuve, la saleté et les bactéries ont rapidement refait surface, et ce, dès le début des épreuves. Après seulement deux courses dans la Seine, près d’une dizaine d’athlètes sont tombés malades. Ces maladies, toutes gastro-intestinales, ont très probablement été causées par la qualité de l’eau du fleuve. Comme le résume la nageuse allemande Léonie Beck : « J’ai vomi neuf fois hier et j’ai eu la diarrhée. La qualité de la Seine est validée. »


Athlète olympique et criminel, est-ce compatible ? Les JO, un événement souvent déclaré « ouvert à tous », ne semblent pas connaître de limites. Steven van de Velde, athlète néerlandais de beach-volley, a bien concouru lors des JO de Paris. Pour rappel, il a été condamné en 2016 pour viol sur mineur, alors qu'il avait 19 ans. Après avoir rencontré une fille de 12 ans sur Facebook, il avait voyagé d’Amsterdam jusqu’en Angleterre dans le seul but de la rencontrer et d’abuser d’elle à son domicile, profitant de l’absence de sa mère. Il avait été libéré après seulement un an de détention et a tout de même pu représenter les Pays-Bas lors de la compétition.


Le bilan climatique, quant à lui, est sans appel, bien que prévisible. Il est important de rappeler que les JO ont eu un impact climatique significatif, malgré des promesses de durabilité. Malgré les engagements pris pour réduire les émissions de CO2, l'événement a généré environ 1,6 million de tonnes de CO2, soit l'équivalent des émissions annuelles de la ville de Lyon. La venue de millions de spectateurs, la consommation énergétique des infrastructures temporaires et la logistique internationale ont largement aggravé la crise climatique. Derrière les slogans « verts », la réalité est que cet événement mondial a considérablement pesé sur l’environnement, compromettant les efforts de réduction des émissions à long terme.


Les Jeux Olympiques de Paris 2024, qui devaient incarner la paix et l’unité, ont révélé de profondes défaillances. Entre pollution persistante, discrimination et impact environnemental démesuré, l’événement a mis en lumière des lacunes inquiétantes. Paris, en voulant célébrer le sport et l’inclusion, a surtout souligné l’urgence de réformes pour aligner les ambitions olympiques avec des principes de respect et de durabilité. Les bilans ont ainsi montré à quel prix la France était prête à accueillir les JO.


"Personne ne devrait imposer à une femme ce qu'elle doit porter ou ne pas porter" a déclaré Marta Hurtado, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme dans un communiqué de du dernier septembre 2024. 

Cette affirmation est une réponse à une décision de sur les conditions de jeu des athlètes françaises : la France sur les conditions de participation aux épreuves relatives aux tenues des athlètes. En effet, les portes paroles ont a effectivement déclaré que le port du hijab, ou de quelconque voile de la part des athlètes françaises serait formellement interdit. Cette décision semble d’autant plus absurde et surprenante lorsqu’on sait que la France est le seul pays l’ayant mise en place. La ministre des sports, Amélie Oudéa Castéra a défendu cette interdiction, disant que cela était conforme au principe de laïcité. Ainsi vivement critiquée et considérée comme de la discrimination : le voile est en effet un objet identitaire important pour les femmes religieuses, principalement pour les femmes musulmanes et il est important de respecter leur choix, étant donné que les fédérations sportives sont privées et que les lois laïques des espaces publiques neutres ou de la fonction publique ne s’appliquent pas.


Lorenza Philippe- -Harfouche et Luna Senot

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