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Photo du rédacteurLuna Senot

Le tabagisme à l’École

Que ce soit rue d’Assas ou rue Notre-Dame-des-Champs, il est impossible de passer devant l’école aux heures d’intercours sans remarquer le trottoir des fumeurs, où les groupes se forment autour de ceux qui ont les paquets de cigarettes les plus remplis. Le tabagisme est un sujet qui nous concerne tous, de près ou de loin, et qui, à l’école, prend de l’ampleur dès le collège. Graffiti a donc cherché à comprendre quelle relation entretiennent les élèves de l’école avec le tabac.


Ce mois de novembre a donc donné envie à Graffiti de chercher à comprendre l’impact du tabac dans la vie des élèves. Pour ce faire, nous avons réalisé un sondage anonyme, rempli par des élèves de la troisième à la terminale. Les questions portant sur leur consommation, ou non, de tabac ainsi que sur les conséquences de celle-ci sur leur quotidien, nous ont permis de tirer différentes conclusions de nos résultats. Cependant, ils sont à prendre avec un certain recul puisque seulement 119 réponses ont été envoyées sur les quatre niveaux visés, un échantillon que nous ne pouvons pas qualifier de représentatif avec certitude.


Tout d’abord, une vaste majorité déclare qu’on leur a déjà proposé de fumer (78,2 %). Mais la majorité, bien que légère, déclare avoir refusé, contre 48,7 % des répondants qui ont déjà fumé. Globalement, les fumeurs réguliers représentent 23,5 % des répondants au sondage. Au sein du lycée, ce chiffre est donc moins élevé qu’en France, où l’on compte 31,8 % de fumeurs réguliers. En moyenne, les fumeurs ont commencé à 16 ans, mais 74,3 % des élèves ont commencé avant cet âge, dont 25,6 % dès 13 ans.


Sans surprise, la nicotine vedette est celle contenue dans les cigarettes industrielles, consommées par 89,5 % des élèves fumeurs. Une présence moins attendue est celle de la cigarette électronique jetable, souvent la “puff”, utilisée par 82,1 % des fumeurs de cigarette électronique. Faciles à se procurer, consommables dans les lieux publics et largement plus utilisées en intérieur, ces alternatives, créées pour freiner la consommation, semblent l’avoir accrue, particulièrement auprès des jeunes, avec toujours plus de nouveautés : des goûts extravagants, des modèles colorés, qui font de la lumière ou encore permettent de passer des appels. Concrètement, on observe un très faible recul de la consommation de tabac et une forte augmentation de l’utilisation de ces cigarettes électroniques chez les jeunes.


En France, les fumeurs consomment en moyenne 16 cigarettes par jour, un chiffre atteint par seulement 5,9 % des fumeurs interrogés. Les élèves interrogés fument en moyenne plutôt 1 à 5 cigarettes par semaine (41,2 %), 1 à 5 cigarettes par jour (26,5 %), et 5 à 10 cigarettes par jour (17,6 %).


En raison du jeune âge de ces élèves, de nombreuses conséquences et restrictions vont de pair avec leur consommation. Avant d’aller plus loin, rappelons que la vente de tabac est interdite à toute personne de moins de 18 ans et que sa consommation est proscrite dans les lieux publics fermés ou fréquentés par des mineurs. Ces lois ne représentent en réalité qu’une faible dissuasion puisque la plupart des tabacs parisiens vendent cette nicotine sans demander de justificatifs d’identité.

De plus, certains de ces élèves fumeurs ont accepté de répondre à nos questions sur la manière de concilier l’école et le tabagisme.Face à l’impossibilité de sortir à la récréation, la plupart sont contraints de ne pas fumer entre 8 h et 12 h 45, un laps de temps qui leur pose problème. Les élèves interrogés nous ont expliqué que leur concentration est souvent perturbée par leur envie de fumer durant les deux dernières heures du matin.


Auprès des élèves, nous avons pu identifier les contraintes qui se posent réellement à eux ainsi que l’impact du tabac sur leur quotidien et leur rapport à la vie sociale.

L’effet de groupe domine ces conclusions, avec 65 % des élèves qui déclarent fumer remarquablement plus dans un contexte festif, et 45 % qui se mettent à fumer car quelqu’un fume devant eux. De plus, 57,5 % déclarent moins fumer lorsqu’ils sont seuls qu’accompagnés.


De plus, l’impact social passe aussi par la difficulté d’accepter qu’un adolescent fume dans son entourage : 24,3 % des fumeurs ont répondu que leur famille et leurs amis sont au courant, et que c’est source de conflits. L’entourage de 10 % des fumeurs n’est pas au courant de leur consommation.

Côté résolution, il est évident que les élèves ne sautent pas le pas vers l’arrêt : seulement 18 % de ces consommateurs déclarent avoir la volonté d’arrêter. Malgré la prévention perpétuée par l’État, la majorité des élèves ne pensent pas aux conséquences. « Fumer tue », certes, mais pas pour 52,5 % des fumeurs, qui déclarent que leur consommation de tabac ne les inquiète pas pour leur santé.


Parmi les répondants, seulement deux personnes se sont lancées dans l’aventure et ont eu l’amabilité de partager leur expérience. 

La première personne nous a confié avoir dû arrêter le tabac pour des raisons de santé, mais que la nicotine n’était pas proscrite pour elle. Elle a donc radicalement arrêté la cigarette et réduit sa consommation de nicotine, uniquement consommée à travers la cigarette électronique (taux de nicotine de 2 %). Elle qualifie ses envies de fumer de « presque irrépressibles », notamment en extérieur, mais particulièrement accrues lorsqu’elle voit quelqu’un fumer. Bien que ce manque soit lié à la nicotine, c’est aussi le geste, la routine, qui se fait sentir absente. De plus, certains symptômes de l’arrêt se sont fait ressentir, notamment une fatigue presque continue malgré cette période de vacances. C’est le besoin de compenser qui l’a poussée à tout de même utiliser une cigarette électronique, bien qu’elle n’ait pas cédé aux envies de sucre naissantes.


La deuxième a décidé d’arrêter totalement la cigarette ayant remarqué que sa consommation de tabac augmentait progressivement. Elle a décrit les débuts de cet arrêt comme compliqué, particulièrement lorsqu entourée de fumeurs. De plus, elle a insisté sur l’importance du manque du geste, devenu un certain automatisme et nous a confié avoir, à outrance, placé son pouce à la place habituelle de la cigarette jusqu’à en causer une irritation. Elle n’a à ce jour pas fumé à nouveau. 

Arrêter représente des challenges dont beaucoup inattendus et parfois démotivants. Graffiti  vous le dit : c’est possible et ce à tous les âges, l’important est d’avoir l’envie et du soutien, de son entourage ou alors d’infrastructures et de ressources comme le site internet tabac-info-service.fr qui propose aussi une ligne téléphonique le 38 39 ainsi que des guides, groupes de parole etc…



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