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Photo du rédacteurFrédéric Lucaussy Sviatopolk-Mirsky

Le procès de Nuremberg : les nazis devant les juges

Il y a 79 ans, le 20 novembre 1945, 6 mois après la capitulation de l’Allemagne nazie, s’ouvrit officiellement l’un des plus grands procès de l’histoire : le procès de Nuremberg. Pendant presque un an, les principaux dirigeants nazis ont été jugés par les terribles crimes commis.


Le Tribunal militaire international (TMI)

Mis en place par les Alliés, ce tribunal fut instauré par les accords de Londres du 8 août 1945. Il était composé de 4 juges, 4 procureurs et 4 assesseurs de 4 nationalités différentes : américaine, britannique, française et soviétique. Plus de 20 hauts dignitaires nazis y ont été jugés, hormis Hitler, Himmler et Joseph Goebbels qui s’étaient donné la mort auparavant.


Pourquoi le procès de Nuremberg a été aussi important ?



D’abord, bien évidemment, pour une réponse ferme prononcée contre les crimes atroces commis par les nazis pendant la Seconde guerre : 12 accusés furent condamnés à mort, 6 à de lourdes peines de prison, et 3 furent finalement acquittés (mais parfois condamnés par la suite par un autre tribunal de dénazification) ;


Ensuite, ce procès a été une véritable pierre angulaire pour le droit international. En effet, pour la première fois, ont été mises en place des sanctions internationales juridiques majeures contre des “crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité” (crime d'agression), des “crimes de guerre” et, surtout, l’instauration d’une toute nouvelle catégorie appelée “crimes contre l’humanité” (la notion juridique officielle de génocide fut instaurée plus tard, en 1948).


Le procès de Nuremberg fut intégralement filmé par le réalisateur américain John Ford.


Parmis les nazis jugés figurent :

  1. Karl Dönitz, commandant en chef de la Kriegsmarine, marine de guerre du IIIe Reich. Il fut condamné à 10 ans de prison en tant que criminel de guerre pour avoir ordonné de ne pas sauver les rescapés naufragés.

  2. Hermann Göring, commandant de la Luftwaffe, ministre de l'Air, il créa la Gestapo (Geheime Staatspolizei, la police secrète d'État ) en 1933 qui fut ensuite mise sous la tutelle de Himmler, Reichsführer des SS. Göring fut par ailleurs l’un des principaux acteurs de la spoliation d'œuvres d’art pendant la guerre : pour lui-même et pour Hitler, œuvres qu’il acheminait avec la Luftwaffle. Göring fut condamné à mort mais se suicida juste avant son exécution.

  3. Hans Frank était Reichsleiter du parti nazi, surnommé le “bourreau de la Pologne”. Il fut condamné à mort 

  4. Wilhelm Frick, haut fonctionnaire du IIIe Reich, il participa à la mise en place programme Aktion T4 dans le but d'exterminer les handicapés physiques ou mentaux afin de purifier la race aryenne, ainsi que dans la politique de stérilisation et d'extermination des races impures. Il fut condamné à mort.

  5. Hans Fritzsche, haut fonctionnaire nazi du ministère de la Propagande du IIIe Reich, commentateur radio. Il était présent dans le Führerbunker quand, le 8 avril 1945, Adolf Hitler et Eva Braun se sont donné la mort. C’est lui qui a rédigé la lettre de reddition adressée au maréchal Gueorgui Joukov de l’Armée rouge. Il a été acquitté de toutes charges par le Tribunal, mais fut condamné à huit ans de prison par un tribunal allemand de dénazification, puis gracié en 1950.

  6. Walther Funk, ministre de l'Économie du Reich et chef de la Reichsbank, il fut condamné à mort.

  7. Rudolf Hess, personnage majeur du IIIe Reich, il fut condamné à la prison à perpétuité.

  8. Alfred Jodl, chef de l'état-major de la Wehrmacht, nom de l’armée du IIIe Reich. Après le suicide de Hitler, un gouvernement éphèmere a été établi avec Karl Dönitz. C’est lui qui signe l’acte de capitulation à Reims qui a eu lieu en fait le 7 mai (en savoir plus). Il fut condamné à la peine de mort.



  9. Ernst Kaltenbrunner, Autrichien, il milita pour l’Anschluss. Il a été chef de la Schutzstaffel, la SS. Il fut condamné à la peine de mort.

  10. Wilhelm Keitel, chef du commandement suprême de la Wehrmacht. Il fut condamné à la peine de mort.

  11. Le baron Konstantin von Neurath était dans le cabinet de Franz von Papen comme ministre des affaires étrangères et dirigea la politique extérieure du nazisme. Il fut condamné à 15 ans de prison.

  12. Franz von Papen, vice-chancelier de Hitler. Il fut acquitté par le Tribunal de Nuremberg mais, à l’instar de Fitzsche, il fut condamné à 8 ans de prison par un tribunal de dénazification en tant que coupable au second degré.

  13. Erich Raeder, Grand amiral de la Kriegsmarine, la marine allemande, jusqu'à son remplacement en 1943 par Karl Dönitz. Il fut condamné à la prison à perpétuité mais libéré en 1955.

  14. Joachim von Ribbentrop, ministre des Affaires étrangères. Il participe à l'administration des territoires occupés avec Himmler. Il fit saisir des œuvres issues des collections juives par l’intermédiaire de l’ambassadeur allemand à Paris, Otto Abetz. Il fut condamné à la peine de mort.

  15. Alfred Rosenberg, fut l’un des théoriciens du nazisme dans son livre Le Mythe du XXe siècle, publié en 1930, qui prônait la suprématie de la race aryenne, et qui considérait les Juifs comme une menace envers cette race suprême. Il fut ministre des Territoires occupés de l'est et mettait en place des politiques génocidaires et exigeait aussi le pillage des œuvres d’art et des instruments de musique des Juifs et des autres opposants.  Il fut condamné à la peine de mort.

  16. Fritz Sauckel, plénipotentiaire général pour l'emploi de la main-d'œuvre, il a organisé le recrutement forcé et la déportation des travailleurs des pays occupés, au nom de l’effort de guerre. Il était surnommé “le négrier de l’Europe”. Maître Jacques-Bernard Herzog fut procureur et il a écrit un célèbre livre Nuremberg, un échec fructueux. Sauckel fut condamné à la peine de mort.

  17. Hjalmar Schacht, Ministre des Finances du IIIe Reich. Il fut acquitté.

  18. Baldur von Schirach fut Jugendführer des Deutschen Reiches, le chef des Jeunesses du Reich allemand, dont la mission principale était celle d’endoctriniser les jeunes avec le programme nazi de race aryenne et menace des races impures (juifs, communistes, homosexuels…).  Il est condamné à 20 ans de prison

  19. Arthur Seyß-Inquart, Autrichien, il a participé à l'Anschluss. Gouverneur des Pays-Bas et Gruppenführera au sein de la SS ; antisémité, il a fait déporter plusieurs Juifs à Auschwitz, on pense à Anne Frank, bien évidemment. Il fut condamné à la peine de mort.

  20. Albert Speer, architecte, il fut condamné à 20 ans de prison.

  21. Julius Streicher, éditeur du journal antisémite Der Stürmer, L'Attaquant, il accuse les Juifs de tous les maux et prône à résoudre la "question juive". Il fut condamné à la peine de mort.


Trois autres hauts dignitaires devraient aussi être jugés par le TMI mais n’y ont pas été présents :

  • Martin Bormann qui a fait toute sa carrière au sein de la  NSDAP (NationalSozialistische Deutsche ArbeiterPartei, Parti national-socialiste des travailleurs allemands) dès sa fondation. Il fut l’un des hommes de confiance de Hitler et a aidé Himmel à organiser les camps d’extermination. Au moment du procès, on croyait que Bormann était en fuite. Il fut condamné à mort “par contumace”, c’est-à-dire sans la présence du condamné. En 1972, on découvrit son squelette, identifié formellement par l’ADN en 1999.

  • Robert Ley, responsable du Front allemand du Travail, se donna mort avant le procès.

  • Gustav Krupp von Bohlen und Halbach, industriel allemand, fut considéré médicalement inapte à être jugé.


Au-delà des condamnations individuelles, le TMI déclare 4 organisations nazies criminelles : la Gestapo (police secrète), la SS (organisation paramilitaire dirigée par Himmler, chargée entre autres de l’extermination des Juifs), le SD (service de renseignement lié à la SS), et le corps des chefs politiques du parti nazi.


Hélas, tous n’ont pas été jugés, certains ayant fui tel que le terrible Josef Mengele, médecin à Auschwitz ayant réalisé plusieurs expérimentations les plus sordides sur les prisonniers, surnommé “l’ange de la mort”. Il s’est enfui en Amérique du Sud, caché sous une fausse identité de Wolfgang Gerhard, et ne fut jamais jugé, mort malgré une traque incessante pour le retrouver. Un autre a cependant été retrouvé : Klaus Barbie, surnommé le “boucher le Lyon”, il fut extradé de Bolivie vers la France où il fut condamné à la prison à la perpétuité en 1987.

Ce fut aussi le cas du très connu Adolf Eichmann, l’un des principaux coordinateurs de la “solution finale à la question juive”. Ayant fui sous une autre identité en Argentine (Ricardo Klement), où se trouvait une autre antenne du NSDAP, il fut finalement démasqué par le Mossad après une longue traque le 11 mai 1960 à Buenos Aires. Après avoir avoué son identité, il fut ramené en Israël. Poursuivi pour 15 chefs d’accusations, notamment “crimes contre le peuple juif” “crime de guerre” “crime contre l’humanité”, il fut condamné à la peine de mort. Ses cendres ont été dispersées dans la mer Méditerranée, conformément à ses veux. Son procès a attiré deux fois plus de journalistes que celui de Nuremberg, témoignant de sa gravité 



Outre le Tribunal Militaire International de Nuremberg, les Alliés créent le TMI pour l’Extrême-Orient à Tokyo en 1946, qui a jugé les principaux dignitaires japonais.


Frédéric LUCAUSSY SVIATOPOLK-MIRSKY

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