De plus en plus visibles dans les médias, les drag queens font partie intégrante de la culture populaire en France. Ce phénomène s’est notamment illustré récemment lors des polémiques autour de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, mais il a trouvé ses racines dans un mouvement international bien plus ancien. D’où vient donc la propagation de la culture drag en France ?
On définit en général une drag queen par quelqu’un qui pratique le drag, concept dans lequel quelqu’un transforme son apparence temporairement pour coller volontairement aux stéréotypes de l’identité féminine. Bien que le drag soit souvent associé à la communauté LGBT et à la lutte pour l’expression des identités, pour toutes les drag queens, il s’agit d’une performance, d’un art.
En France, cette année marquait la 3e édition de l’émission et les queens se sont surpassées. La gagnante : la nonchalante Le Filip, et les autres queens ont, après avoir brillé durant la saison, commencé début septembre la tournée du Drag Race Show, où chaque queen effectue une performance inédite de lip sync sur une de leurs propres chansons ! Graffiti a eu la chance d’assister à une de ces soirées aux Folies Bergères, en même temps que Thomas Jolly ou encore Barbara Butch. Concrètement, d’où vient ce gain en popularité ?
Alors que les premières drag queens sont vues dans les années 60, ce n’est pas avant la génération de RuPaul ou Lady Bunny qu’elles sont connues du grand public. Si le nom de RuPaul ne vous dit rien, vous l’avez peut-être déjà vue sur un extrait du Jimmy Fallon Show où RuPaul est devenu un mème avec sa célèbre réplique : « A drag queen ? A drag queen ? I am the queen of drag ! ». Icône du drag, RuPaul règne en effet sur cet art nouveau. Il est à l’origine de Drag Race, une émission télévisée créée en 2009 qui met en compétition de 9 à 16 queens dans différentes épreuves éliminatoires. Ces épreuves sont devenues cultes, notamment le Lip Sync For Your Life : lorsqu'une queen risque l'élimination, elle doit affronter une autre concurrente dans un playback accompagné d’une performance de danse, épreuve qui ne manque jamais de nous impressionner. On retient aussi le Snatch Game : inspiré du jeu télévisé Match Game, il s’agit d’une épreuve où les queens doivent incarner des célébrités avec humour et exagération. Ces épreuves permettent aux queens de se démarquer des autres auprès des juges, puis auprès du public. Ainsi, les participantes sont éliminées les unes après les autres, afin de finir la saison par la nomination de la "Next Drag Superstar".
Cette émission est devenue très populaire grâce à la diversité des épreuves et au talent encore récemment inconnu des queens. Elle s’est exportée à travers le monde et son succès a entraîné la création de spin-off de Drag Race : 12 pays ont dorénavant leur propre Drag Race, dont la France, l’Espagne, le Canada ou encore la Thaïlande ; la Suède a annoncé l’arrivée prochaine de leur émission ; et d’autres éditions spéciales paraissent ponctuellement comme RuPaul’s Drag Race: All Stars où d'anciennes queens des saisons US sont réunies pour élire la meilleure des meilleures.
Malgré l’impact du phénomène drag en France, la communauté manque de reconnaissance artistique et culturelle, et leur légitimité est toujours remise en question, due à leurs forts messages de soutien à la communauté trans. L’évolution de notre société permet tout de même un changement important dans l’acceptation de la culture queer dans le paysage culturel international.