La décision a été annoncée par le nouveau ministre de l'Éducation fraîchement nommé, Gabriel Attal, à une semaine de la rentrée de septembre : les épreuves les plus importantes du bac sont décalées de mars à juin en 2024.
Revenons un peu en arrière
Pour ceux qui n’auraient pas suivi, dès son élection, Emmanuel Macron avait annoncé qu’il souhaitait mettre en place d’importantes réformes pour le bac. L’une des nouvelles mesures était de modifier le calendrier des examens en plaçant les deux épreuves de spécialités en mars, pour qu’elles puissent être prises en compte dans le dossier Parcoursup. En 2021, les bacheliers ne les ont pas passées en raison du Covid. En 2022, elles se sont déroulées en mai. 2023 était donc la première année pour laquelle le bac de spécialité s’est déroulé en mars. Mais comme vous l’avez compris, ce changement n’a pas duré longtemps : dès août 2023, le Ministre de l'Éducation a annoncé qu’il souhaitait revenir au bac de spécialité en juin.
Qu'en pense-t-on à l'École ?
Pour répondre à cette question, nous avons interrogé des anciennes élèves de terminale (2022-2023), des élèves de terminale de cette année (2023-2024) et interviewé une professeure d’HGGSP. Sur les 53 élèves de terminale ayant répondu à notre sondage, la grande majorité est mécontente de cette mesure.
Plusieurs élèves anonymes s’expriment : « J’aurais aimé passer les épreuves plus tôt pour ne plus être stressée une fois ces échéances passées et pouvoir profiter pleinement de la fin du lycée. » « Le problème c’est que l’examen étant déplacé, seulement nos notes au cours de l’année comptent dans Parcoursup, ce qui n’est pas forcément représentatif du niveau de l’élève (ça dépend aussi des exigences du professeur et du niveau des autres élèves de la classe) contrairement à un examen de niveau national. » D’autres élèves voient le bon côté de cette décision : « Cette mesure avantage les élèves constants toute l'année et réduit le poids des erreurs de parcours au bac ». « Je suis satisfaite d’avoir le temps de finir le programme, et d’approfondir les notions, je trouve que ça permettra aussi d’effacer les disparités entre classes/établissements qui avancent plus ou moins vite. »
Alice Ravilly et son amie anonyme sont deux anciennes élèves de terminale de la promo 2005 de l'École. Elles sont toutes deux convaincues que le changement du bac en juin est une bonne mesure. Alice Ravilly explique avoir été très stressée d’avoir eu à gérer le bac et son dossier Parcoursup en même temps en mars. En effet, de nombreuses formations demandent l’écriture de lettres de motivation ou d’essais qui prennent beaucoup de temps, ainsi elle témoigne que ses camarades et elle étaient sous tension est surchargé de janvier à mars. Son avis est que le bac n’est pas représentatif du niveau des élèves et que le contrôle continu est plus pertinent pour observer la progression des élèves pendant deux ans. Son amie souligne la rupture entre le bac de spécialités et le bac de philosophie ainsi que le grand oral, et la difficulté à se remobiliser pour ces épreuves après trois mois de relâchement.
Magali Thireau, professeure d’histoire géographie et de la spécialité HGGSP en terminale, nous explique que le bac en mars posait problème aux élèves comme aux professeurs. De fait, elle a pu observer la difficulté des élèves à gérer le bac de spécialités et Parcoursup en même temps. Mais elle explique que c’était également compliqué du côté des professeurs. En HGGSP, il y avait quatre thèmes à couvrir (contenant chacun environ 6 chapitres), ainsi, devoir finir le programme en mars était, selon Madame Thireau « une vraie course contre la montre ». Au lendemain des épreuves de spécialité, il y a eu un relâchement de la pression et malheureusement, les élèves ont eu du mal à se remobiliser. Il était complexe pour les professeurs de remotiver les élèves qui considéraient que ce troisième trimestre n’avait pas de sens, étant donné que les notes n'étaient pas prises en compte dans le bac. Les professeurs de l'École étaient tout de même compréhensifs, et Mme Thireau remarque que le taux d’absentéisme à l'École n’était pas si important comparé à d’autres lycées. Cela s’explique notamment par le sérieux des élèves qui sont motivés par des ambitions d’études supérieures exigeantes (comme des classes préparatoires par exemple). Mme Thireau est convaincue que le fait de remettre le bac en juin est une bonne mesure. Elle considère que cela offre plus de latitude sur le programme dense d’HGGSP : malgré le fait que le nombre de thèmes a augmenté et le rythme soutenu, il y aura notamment plus de temps pour travailler la méthode et s’entraîner aux épreuves. En mars 2024, les élèves pourront donc être plus concentrés sur leur dossier Parcoursup et par conséquent, on l’espère, seront moins stressés.
Article de Jeanne Fatome et Elodie-Yuna Nguyen- -Kang
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