Le 25 avril 1927 naissait Albert Uderzo.
Ses parents italiens savaient-ils que leur chérubin deviendrait un des plus grands dessinateurs de son époque ? Savaient-ils que cet homme, collaborant avec un autre génie, allait faire voyager dans l’histoire plus de 380 millions de personnes à travers le monde ? Étaient-ils près de s’imaginer que près d’un siècle après sa naissance, ses illustrations feraient l’objet d’adaptations cinématographiques, d’expositions multiples, d’un parc d’attractions, mais aussi et surtout de milliers de rêves enfantins inspirés de son trait ?
Non, ils ne devaient pas le savoir.
Et pourtant, en 1951, un petit homme aux origines argentines fait son apparition dans le scénario de la vie d’Albert Uderzo. Il s’appelle René Goscinny. Les deux hommes s’apprécient, se trouvent des points communs. Ils donnent naissance à Jehan Pistolet et Oumpah-pah, entre autres.
Le 29 octobre 1959, la France aperçoit un bout de moustache blonde. Un casque ailé. Une démarche singulière. Bref, Astérix. Ce gaulois pétillant, à défaut d’aider les écoliers à réviser leurs cours d'histoire, changera le cours de l’histoire de la bande dessinée française. Accompagné d’un livreur de menhir débonnaire, d’un chien enthousiaste, d’un druide vénérable, et d’une bonne humeur contagieuse, cet anti-héros vivra des aventures traduites en près de 110 langues. Uderzo taille sans doute son plus beau menhir en crayonnant le monde gallo-romain.
Le 5 novembre 1977, le ciel tombe sur la tête d’Albert Uderzo. Son complice, son camarade, son collègue le quitte. René Goscinny rejoint les étoiles infinies de la voie céleste. Les ailes du casque d’Astérix se flétrissent : il n’y a pas de potion magique contre ça.
En 2009, la France toute entière croit qu’Astérix a savouré son dernier banquet final. Uderzo signe son dernier album.
Le 24 octobre 2013, deux vaillants scénaristes tentent d’entrer dans l’arène en poursuivant les aventures d’Astérix le Gaulois. Six ans plus tard, Didier Conrad et Jean-Yves Ferri sortent leur quatrième album.
Le 24 mars 2020, le dernier souffle d’Albert Uderzo se dessine dans les airs. Toutatis l’appelle à lui. Il quitte la Terre dans son char antique pour rejoindre René Goscinny. Il allait avoir 93 ans.
Mais l’immortalité de ses illustrations demeure.
Ce maître laisse à la Nation une fierté, un panache, comme une deuxième Gergovie.
Bon voyage, monsieur Uderzo. Nous ne vous oublierons jamais.
Comment vous oublier ?
Par Owen Samama-Brault