La grippe espagnole a causé la mort de 40 à 100 millions de personnes entre 1918 et 1920, soit 5 à 10 fois plus de victimes que la Première Guerre mondiale (8,5 à 10 millions de morts) ! Elle demeure une des plus grandes tueuses de l’humanité, au même niveau que la peste bubonique, la variole ou encore la rougeole. À ce jour, les scientifiques ne comprennent toujours pas comment ce virus, en ap- parence bénin, a pu entraîner un tel nombre de morts. Importée des États-Unis avec le débarquement des troupes américaines en 1918, la grippe es- pagnole se propage en Europe (2,3 millions de décès), puis, avec une rapidité épastrouillante, dans le monde entier. L’Afrique du Nord (6 millions), l’Australie (1,5 millions), l’Inde (12 à 20 millions), la Chine (4 à 9,5 millions)... tous les continents sont touchés en à peine quelques semaines ! Pourquoi « espa- gnole », alors, si le virus venait des États-Unis? Parce que l’Espagne a été le premier état à reconnaître publiquement l’existence de cette nouvelle maladie (période de crise oblige). La grippe espagnole se propage en suivant un modèle connu depuis des millénaires, alors, comment aurait-elle pu faucher autant de vies humaines ?
Comment le virus est-il apparu ? Selon des études récentes, le virus de la grippe espagnole est une combinaison du virus d’une grippe animale -suspectée aviaire (canards...)- avec celui d’une grippe humaine. Par exemple, on prend deux animaux, tels qu’un oiseau et un homme, porteurs de virus de grippes différentes. En temps normal, ils ne peuvent se transmettre l’un à l’autre leurs virus respectifs. Le cas contraire arrive quand ils infectent tous deux un animal de code génétique intermédiaire, tel un cochon (il est au plus proche génétiquement de l’homme et de l'oiseau). Au sein du cochon, les deux virus vont muter et se combiner, en mélangeant leurs protéines, pour former un nouveau virus -celui de la grippe espagnole-, qui peut être retransmis à l’homme. Ce virus est d’autant plus virulent que le corps humain ne peut pas le reconnaître à cause des protéines du virus aviaire. Les anticorps contre le virus humain de départ restent donc inactifs et l’organisme doit affronter une toute nouvelle menace.
De quelle manière s’est-il propagé ? En nous appuyant sur le contexte socio-économique et politique, les causes de la rapide propa- gation du virus semblent évidentes. Le virus s’est d’abord propagé des soldats américains aux soldats européens. Les camps militaires surpeuplés, les voyages à bord de bateaux surchargés et la forte pro- miscuité des soldats font de ces derniers des victimes toutes désignées. En revanche, la guerre n’était pas encore terminée, les soldats ne pouvaient rapporter le virus dans leurs foyers. Alors, comment les civils auraient-ils pu être eux aussi touchés par la maladie ? Les hôpitaux publics saturés de militaires blessés, le nombre insuf- fisant de médecins -presque tous partis au front-, et la nécessité d’employer des infirmiers du civil pour soigner les soldats favorisent la transmission du virus à la population. La pandémie n’est pas une conséquence de la guerre : les régions épargnées par celle-ci ont été les plus touchées par le virus. Si on sait aujourd’hui comment le virus s’est transmis des militaires aux civils, on ignore encore de quelle manière celui-ci s’est propagé dans le monde entier en seulement quelques semaines. Mal- gré les technologies actuelles très performantes, les scientifiques ne peuvent en découvrir les causes. Comment le virus s’est-il propagé dans plusieurs continents à la fois ? Est-il apparu à plusieurs endroits en même temps ? Est-ce que les thèses complotistes autour d’une contamination volontaire ont une part de vérité ? Comment le virus s’est-il développé ? De quelle manière a-t-il colonisé le globe? Pour- quoi a-t-il disparu si rapidement? Toutes ces questions restent sans réponse. Le parallèle avec la situation actuelle est évident, et on retrouve de nombreuses similitudes avec le SARS COV-2 dans sa rapidité de propagation et les ravages causés par celui-ci.