top of page
Photo du rédacteurLuna Senot

Cérémonie d’hommages aux professeurs Samuel Paty et Dominique Bernard

« Nous nous rappelons que vous avez été suppliciés pour la plus belle cause qui vaille, celle de la liberté », a déclaré Alain Grangé Cabane, président de l’École Alsacienne, lors de la cérémonie d’hommage aux professeurs Samuel Paty et Dominique Bernard, le 17 octobre dernier. Comment entretient-on, à l’école, la mémoire de ces événements qui nous concernent particulièrement ?


Lors de l’assassinat du professeur d’histoire-géographie Samuel Paty, le 16 octobre 2020, la nouvelle avait été accueillie comme une décharge électrique par tous, et particulièrement par le personnel enseignant. Alors que l’école vise à apporter aux élèves un environnement stable et tant bien que mal coupé des aléas personnels, ces événements ont brisé l’équilibre fragile du confort qu’elle procure. Ainsi, bien que nous n’aurions jamais voulu être confrontés à ces questions, un devoir de mémoire s’est imposé à nous.


Il semble, en tant qu’élève, et plus largement lorsqu’on occupe une quelconque place au sein d’une cité scolaire, que le devoir de mémoire soit de taille face à l’atrocité de ces crimes. À l’échelle nationale, des heures d’EMC ont été obligatoirement dédiées à des temps d’échanges sur le ressenti des élèves et des professeurs, ainsi qu’à des rappels des lois et des valeurs essentielles au vivre-ensemble et au respect de la laïcité. Ici, à l’école, des mesures additionnelles ont été mises en place, comme une cellule de soutien émotionnel, réitérée après l’assassinat de Dominique Bernard.


À l’arrivée de l’anniversaire de cette tragédie, le 14 octobre 2021, Alain Grangé Cabane et Pierre de Panafieu, directeur, ont inauguré l’arbre de la liberté, un ginkgo biloba. Cette cérémonie était suivie d’une conférence donnée par Vincent Peillon : « Laïcité : enjeux et controverses ». Depuis, les minutes de silence et les commémorations sont perpétuées chaque année autour de cet arbre, qui nous rappelle chaque jour l’importance du vivre-ensemble, du respect et de la tolérance.


Délogée par un déluge, la cérémonie a dû contrer la météo et s’est cette année déroulée au théâtre. C’est Monsieur Grangé Cabane qui a ouvert la cérémonie par un discours honorant ces deux professeurs et mettant en avant l’importance de ne pas laisser s’installer l’indifférence. Dans un monde où chaque actualité est dépassée par la nouvelle, il a insisté sur le fait de ne jamais laisser ces choses tomber dans l’oubli, de commémorer afin d’utiliser l’histoire comme une leçon. Nous avons ensuite procédé à une minute de silence. Ce sont ensuite les délégués des classes de XX qui ont, ensemble, lu le poème J’atteste contre la barbarie ! écrit par Abdellatif Laâbi, un message de considération et d’espoir : « J’atteste qu’il n’y a d’être humain que celui dont le cœur tremble d’amour pour tous ses frères en humanité ». S’en est suivie la lecture d’un texte des Essais de Montaigne (livre premier chapitre 36), lu par Sophia, élève de terminale : « J’accepte plus facilement la différence que la ressemblance ». Monsieur de Panafieu a clôturé la cérémonie par un discours sur l’importance du vivre ensemble et la pensée humaniste souvent associée à l’Ecole Alsacienne «l’humanisme n’est pas une pensée tranquille […] c’est la lutte contre la barbarie».


Cette cérémonie forte en émotions nous a rappelé à quel point il est important de faire régner la tolérance, l’acceptation et l’appréciation d’autrui et de la différence. La fraternité dépend de nous tous, et c’est à nous de la faire vivre au quotidien.


5 vues
bottom of page