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Photo du rédacteurOwen Samama-Brault

Culture G, version augmentée

Culture G revient en force ! Après avoir pris l’habitude de répondre aux nombreuses questions que vous vous posez sûrement, nous orientons cette fois-ci nos recherches sur les expressions communes dont les origines sont assez peu connues.


Pourquoi dit-on « être aux abois » ?

Être aux abois, selon le Dictionnaire de l’Académie française « se dit d’une personne qui est près de sa fin, près de mourir, ou d’une personne qui a épuisé toutes ses ressources, qui est réduite à la dernière extrémité ». Comme on peut se l’imaginer, cette expression vient du cri poussé par les chiens. Plus précisément, les veneurs - ceux qui pratiquent la chasse à courre -, sont à l’origine de cette locution. Lorsque le gibier est acculé après avoir été pourchassé sur plusieurs centaines de mètres, et qu’il comprend qu’il ne lui reste que quelques instants à vivre, les chiens… aboient. Ce sont les abois. Depuis, le terme s’utilise bien évidemment dans un sens plus abstrait.


Pourquoi dit-on « donner le change » ?

Là encore, c’est dans la chasse à courre, ou vénerie, que cette expression prend son origine. Il est impératif, pour les chasseurs comme pour les guépards, de ne poursuivre qu’une proie à la foie. Cela bien sûr pour se focaliser sur l’animal sans se laisser perturber ou s’éparpiller, ce qui laisserait place à un déroutant désordre. Le change est donc l’animal qui n’est pas celui pourchassé. Le proie donne le change lorsqu’elle fait partir cet autre animal devant les chiens de chasse, qui, s’ils se lancent à sa poursuite, « prennent le change », ou « chassent le change ». De nos jours, ce ne sont plus que les animaux sylvestres qui donnent le change, puisque ce terme s’applique tout simplement lorsqu’un habile trompeur réussit à duper une tierce personne.


Pourquoi parle-t-on d’un « froid de canard » ?

Toujours une histoire de chasse. Pour les désireux d'attraper des palmipèdes, il faut attendre l'hiver. En effet, les étangs gelant, c'est à cette saison-là que l'oiseau doit rejoindre les cours d'eau, qui refroidissent sans geler. Le moment est alors particulièrement propice à la chasse au canard ; les chasseurs se mettent en position, souvent à l'aube ou à la tombée de la nuit, prêts à tirer sur les oiseaux s'aventurant hors de leur habitat initial. Il ne faut pas avoir froid aux yeux : l'attente, longue et pénible, est rendue compliquée par la froideur de l'hiver, d'où l'expression.


Pourquoi dit-on « se mettre sur son trente et un » ?

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, cela ne vient absolument pas du Réveillon de la Saint-Sylvestre. Non, cette expression est dérivée d’un tissu, le trentain. Cette matière, très chic, était à la mode dans les milieux aisés, et ce entre le XIIème et le XVIème siècle. Pour confectionner une étoffe de trentain, le tisserand devait assembler trente fois cent fils ! Cela laisse imaginer l’expérience, la patience, et la dextérité nécessaires pour composer les tenues faites de trentain. Le coût de ce tissu était par conséquent très élevé. Les dandys du XIXème siècle ont transformé le terme « trentain » en trente et un, pour désigner tous les habits qu’ils portaient lors des grandes occasions.



Pourquoi dit-on « sabler le champagne » ?

Sabler le champagne est une expression utilisée lorsqu’on boit une ou plusieurs coupes de champagne. D’où vient-elle ? Les fondeurs du XVIIème siècle, qui fabriquaient des objets en métal, avaient besoin de faire couler le métal en fusion dans des moules… en sable. Ce procédé pouvait faire penser à un liquide coulant dans une gorge, on parlait donc à l’époque de « sabler un verre » quand on l’avalait d’un coup. Ce terme, sabler, pouvait s’appliquer à tous types de boissons alcoolisées. Depuis, on ne sable plus que le champagne, parfois après l’avoir... sabré.


Pourquoi dit-on familièrement qu'on a « la dalle » quand on a faim ?

Si certaines locutions ont une étymologie qui semble évidente, celle-ci est assez énigmatique. Voici donc les éclaircissements de Graffiti : En nordique, le mot « dalea » signifie « gouttière », c’est de là que vient le mot dalle. On désignait ainsi, au XIVème siècle, la gorge et l’œsophage par le mot dalle, en référence au conduit qu’ils forment pour les éléments ingurgités. Une expression alors courante était « avoir la dalle en pente ». Elle s'appliquait aux personnes ne reculant pas devant plusieurs verres de vin. Aujourd’hui, elle fait référence aux personnes ayant très faim. Elle fait néanmoins partie du registre familier, et est donc à utiliser avec modération.


Pourquoi dit-on que « chacun voit midi à sa porte » ?

Très célèbre expression ! Jadis, à la campagne, pour connaître l'heure, seul le clocher du village était un bon indicateur. Encore fallait-il vivre à un endroit qui abritait une église. Les habitants de hameaux en étant dépourvu préféraient donc installer un cadran solaire. Ceux-ci étaient le plus souvent autour de la porte d'entrée du domicile. Mais il arrivait qu'une mauvaise installation du cadran crée des différences entre voisins pour connaître l'heure. Chacun voyait donc midi à sa porte… avec quelques minutes de décalage.


Owen Samama-Brault

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