Jeudi dernier, l’enseigne Carrefour inaugurait son premier magasin connecté et intelligent français : Carrefour flash. Son arrivée discrète a quand même fait couler un peu d’encre : entre les pro-IOT qui scandent « destruction créatrice » et les anti-artifices qui, eux, martèlent « création destructrice », la toile nous offre de quoi nous interroger. Pour tenter de me faire mon propre avis, j’ai décidé d’aller essayer de faire mes courses dans ce nouveau magasin : samedi dernier, j’ai testé Carrefour flash.
Carrefour flash propose un concept innovant. Vraiment innovant. Contrairement à ce que j’ai pu entendre, lire ou voir sur les réseaux, Carrefour flash n’est pas simplement une copie de l’américain Amazon Go ou de la chaîne de sport Décathlon. Contrairement à Amazon Go - ou à Auchan Go en France - vous n’avez pas besoin d’abonnement pour entrer. En fait, vous n’avez même pas besoin d’avoir de smartphone ou de montre connectée : tout le monde est invité à entrer. Mais alors, comment le processus fonctionne t-il ? Quelle essence fait tourner ce moteur si bien huilé ?
La surface du magasin est d’un peu plus de 50 m2. Ce dernier est équipé de 60 caméras qui scrutent chaque recoin en temps réel, et qui reconstituent chaque mouvement de chaque client instantanément. Cette première technologie est assistée par une deuxième : les étagères connectées. Le client, lui ne verra pas la différence entre un rayon de Carrefour flash et le rayon d’un « simple » Carrefour City. Pourtant, les étagères du Carrefour flash pèsent en temps réel la masse de chaque produit. Ainsi, l’ordinateur comprend lorsqu’un produit est retiré, posé, reposé, rangé, déplacé. Et lorsque le client a fini de composer son panier, le magasin sait déjà de quoi il est composé.
Et c’est là que la magie opère pour le consommateur : « 10 secondes pour faire ses courses et 10 secondes pour payer et sortir du magasin », c’est la promesse de la marque. Promesse tenue. Pour payer, c’est incroyablement simple : on s’avance vers une borne, on se positionne sur le marquage sur le sol, et la liste des produits apparaît. Plus rien à scanner, à sortir du cadis, de votre sac ou de vos poches, tout se fait sans contact, de même que le paiement : vous approchez votre carte ou votre téléphone de la borne, et c’est réglé ! Plus de tickets de caisse non plus : vous pouvez récupérer votre facture en scannant le QR code affiché à l’écran. Tout cela, en moins de 10 secondes.
D’après la marque, le panier est fiable à 96 %, soit plus fiable qu’un caissier ou qu’une caissière, ou qu’une caisse automatique. On peut également imaginer qu’il est assez dissuasif de tenter de voler quoi que ce soit quand on a 60 caméras braquées sur soi. De toute façon, même si quelqu’un essayait de dissimuler des produits sous son manteau ou dans un sac par exemple, ils apparaîtraient sur la liste des produits à payer, l’ordinateur ne faisant pas la différence entre un produit caché ou pas. Pour assurer le bon fonctionnement de ce magasin, quatre employés sont présents à tour de rôle, soit autant de personnel que dans n’importe quel autre Carrefour de cette superficie.
Alexandre Barbaron