Temple de la culture française et emblème de la ville de Paris, le Louvre est célèbre dans le monde entier. Chaque année, entre neuf et dix millions de personnes provenant majoritairement des États-Unis, de la Chine et de l’Union Européenne le visitent. Le musée a beaucoup de succès auprès de la population de moins de trente ans, plus d’un visiteur sur deux est en dessous de cet âge. Avant d’être ce musée aux collections exceptionnelles rassemblées dans un bâtiment qui mêle architecture ancienne et moderne, le Louvre a connu des formes et des fonctions différentes. Conçu à la fin du XIIe siècle, il n’a cessé de s’agrandir, d’évoluer et de varier. Les paragraphes ci-dessous en retracent brièvement l’histoire.
Une enceinte fortifiée au coeur de Paris
Vers 1190, Philippe Auguste (règne 1180-1223), avant de partir en croisade contre Richard Coeur de Lion, décide d’élaborer une muraille fortifiée autour de Paris afin de montrer sa puissance, d’urbaniser la ville mais surtout de la protéger. Pour garantir l’efficacité de cette muraille qui est fragile près de la Seine, les ingénieurs décident de construire un château à cet endroit. C’est ainsi que le Louvre est érigé. Forteresse de garnison située aux abords de la ville, le Louvre sert à garder et à surveiller la cité. Il est organisé autour d’une haute et majestueuse tour où sont conservés les prisonniers de marque et le trésor royal.
Des constructions assez denses se mettent rapidement à l’entourer et font perdre à la forteresse son efficacité protectrice. En outre, les rois de France sont conduits à y résider plus souvent car leurs devoirs exigent qu’ils soient davantage présents dans la capitale. Le bâtiment s’apparente de plus en plus à une résidence.
Cette évolution se poursuit sous le règne de Charles V (règne 1364-1380) qui agrandit la muraille et modifie le bâtiment. Il fait par exemple construire une bibliothèque de grande taille. Cet édifice sert la grandeur et la puissance du souverain. Malheureusement, lors de la guerre de Cent Ans (1337-1453), le bâtiment est largement détruit et ce n’est que récemment, dans les années 1980, que les vestiges de ce premier Louvre médiéval ont été retrouvés.
Un palais royal
C’est sous le règne de François Ier (règne 1515-1547) que le Louvre retrouve sa splendeur. En 1528, le roi qui revient d’Espagne où il était emprisonné, veut restaurer son autorité sur la capitale et décide donc de s’installer au Louvre qu’il déclare palais royal. Des aménagements sont entrepris pour mettre le bâtiment au goût du jour.
Tous les monarques ont ensuite à coeur de développer le Louvre qui porte la trace des goûts de ces époques successives. Ainsi l’architecte Pierre Lescot, sous Henri II, s’inspire de la Rome antique pour créer un style moderne, ainsi Catherine de Médicis fait construire le palais des Tuileries tout près qui est ensuite relié au Louvre sous Henri IV (règne 1589-1610) par une galerie qui sert à de nombreuses activités, comme battre la monnaie ou entreposer les sculptures antiques du roi. Un projet émerge sous Henri IV que Louis XIII commence à réaliser : le “grand dessein” qui consiste à faire de ce palais, composé du Louvre et des Tuileries, le plus grand ensemble palatial d’Europe. Ce projet est délaissé comme le Louvre par Louis XIV (règne 1651-1715) qui préfère Versailles. À partir de cette époque, les rois résident aux Tuileries lorsqu’ils sont à Paris. Le Louvre change alors de destination et devient le lieu d’une intense vie artistique, accueillant par exemple les expositions de l’Académie de peinture et de sculpture. Lieu de pouvoir, le Louvre est désormais aussi un lieu de savoir et de culture.
Après la Révolution, un bâtiment toujours central
Avec la Révolution française, le Louvre change de fonction. Le 10 août 1793, il ouvre sous le nom de “Muséum central des Arts”; le bâtiment accueille alors les collections royales et cléricales, il est ouvert aux artistes la semaine et aux visiteurs le week-end. Cette nouvelle destination conduit à l’agrandissement du
bâtiment : l’aile Marsan est édifiée le long de la rue de Rivoli et vient fermer la
grande cour du Carrousel, contribuant à l’accomplissement du “grand dessein”.
Napoléon Ier poursuit l’effort révolutionnaire, mais le musée est entièrement consacré à la présentation des collections ; il ne s’agit plus d’un palais des arts et très vite les artistes sont chassés du Louvre dès le début du XIXe siècle.
Les collections du musée s’accroissent tout au long du XIXe siècle par des œuvres de cultures et d’époques différentes (Vénus de Milo).
Napoléon III joue un rôle très important. Il cherche à achever le “grand dessein” en modifiant le bâtiment par des ajouts et en agrandissant les collections destinées au musée.
Un musée en pleine expansion
La phase qui s’ensuit est peu satisfaisante pour le musée du Louvre et il faut attendre la fin de la première guerre mondiale pour que le Louvre retrouve de l’ampleur. L’organisation du musée est repensée pour faciliter les parcours des visiteurs.
Après la période sombre de la seconde guerre mondiale, sous l'impulsion du ministre de la culture André Malraux (1958-1969), le musée récupère des espaces du palais du Louvre jusque-là occupés par le ministère des Finances et les façades du bâtiment sont restaurées.
L’arrivée de François Mitterrand au pouvoir constitue une autre étape importante pour le Louvre grâce au projet “grand Louvre”. Tout le palais est désormais occupé par le musée et des travaux majeurs de modernisations sont entrepris : l’architecte Pei crée une pyramide de verre dans la cour Napoléon III et revoit l’organisation intérieure du musée.
Venise Balazuc- -Schweitzer